Lui a choisi de vivre en famille à Barcelone, mais la société qu’a créée et que dirige Nicolas Marty a des bureaux dans toute l’Europe, à Amsterdam, Athènes, Prague ou Vienne.
> Carnets de commande vides et chômage technique
Nicolas Marty emploie 35 personnes, la plupart désormais au chômage technique : “Les États prennent une partie des salaires à leur charge, on essaie de compenser le reste pour que personne n’y perde. On a juste gardé deux ou trois personnes par bureau, pour gérer le tout-venant ou les questions sur les annulations mais tout le monde est chez soi.”
Ses carnets de commande sont vides mais par chance le tourisme d’affaires sort d’une période plutôt faste ces dernières années : “On a une trésorerie qui nous permet de voir de façon un peu sereine les prochains mois. C’est vraiment important la trésorerie, parce qu’on est directement sans ressources pour les six prochains mois.”
Né en Touraine, Nicolas Marty, la quarantaine, a vécu quelques années en République tchèque, avant l’Espagne. Diplômé en gestion d’entreprises touristiques et en marketing et communication, le Français commence sa carrière comme consultant à Bruxelles, auprès de collectivités publiques. Il enchaînera chez un important tour-opérateur français, à Toulouse, avant de créer sa propre société à Prague, en 2006, spécialiste de l’Europe centrale.
Aujourd’hui, il est lucide, et pas très optimiste pour l’avenir. Nicolas Marty ne voit pas de retour à la normale dans ses activités, le tourisme d’affaires et l’événementiel, avant deux ans au moins : “On est sur un secteur (l’incentive, NDLR) où les gens voyagent parce qu’ils ont eu de bons résultats l’année précédente. Vous imaginez que l’année 2020 sera catastrophique pour beaucoup de secteurs d’activités, ça veut dire qu’en 2021, les gens feront moins de voyages.”
> L’envie d’aller voir ailleurs
À vrai dire, Nicolas Marty compte aujourd’hui aussi sur l’aide des États européens où sa société est présente : “On arrive à avoir beaucoup de dégrèvements de charges. Grâce à ça, on peut tenir une année, mais on ne pourra pas tenir plus d’un an, et je ne pense pas qu’on ait un retour à la normale dans les 12 prochains mois.”
Certains parlent même de 10 ans nécessaires pour une reprise totale dans l’aérien, ne serait-ce que parce que beaucoup de pays vont mettre du temps à rouvrir complètement leurs frontières : “À court et moyen terme, le tourisme va être extrêmement impacté, c’est un secteur qui va être complètement dévasté, et beaucoup de sociétés ne passeront pas le cap de ces prochains mois. Mais à long terme, les gens reprendront leurs habitudes. On est curieux, on est dans un monde où on a envie d’aller voir ailleurs.”
Philosophe, Nicolas Marty ne voit pas que des inconvénients à la crise que toute la planète traverse : “On est dans des secteurs où chacun se plaint d’être toujours à 100 à l’heure, c’est aussi le moment de passer du temps en famille, puisque de toutes façons le monde est à l’arrêt.” Ou de se laisser surprendre par la présence de sangliers dans le centre de Barcelone, signe que la nature a bel et bien repris ses droits.
Lui écrire: nicolas.marty@dzk-travel.com
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Sa société: Dizak Ketex (DZK) Travel